L’utilisabilité des interfaces numériques est un enjeu important pour les concepteurs. Elle garantit que ses fonctionnalités sont agréables et simples d’utilisation. Elle est une composante à part entière de l’UX (l’expérience Utilisateur). Comme précisé dans la norme ISO 9241-11, l’utilisabilité dépend de 4 piliers : efficacité, efficience, satisfaction et contexte d’utilisation situé.
Norme ISO 9241-11
Désigne l’utilisabilité comme « le degré selon lequel un produit peut être utilisé, par des utilisateurs identifiés, pour atteindre des buts définis avec efficacité, efficience et satisfaction, dans un contexte d’utilisation spécifié ».
Pour atteindre ces critères, il est nécessaire d’organiser la conception d’une interface sur 2 bases : d’une part l’activité réelle d’utilisation et son contexte, d’autre part les règles de conceptions selon les caractéristiques physiologiques et cognitives de l’humain.
Qu’est-ce que l’utilité ?
Alors que l’utilisabilité d’une interface ressort par des fonctionnalités faciles et agréables à utiliser, son utilité est caractérisée par la capacité à fournir à l’utilisateur ce dont il a vraiment besoin.
Un système peut être utilisable sans être utile, et inversement.
L’utilité est dépendante du contexte et de la situation d’usage, au même titre que l’utilisabilité, ces notions sont complémentaires. Ceci se comprend lorsque l’on dit que « les outils doivent intégrer les parcours des utilisateur·trices ».
Un système évalué comme utile et utilisable dans un contexte donné, ne le sera pas systématiquement dans un autre contexte, car les variabilités interindividuelles, d’activité, d’environnement peuvent impacter l’adaptabilité du système à la situation.
En complément de l’utilisabilité, les ergonomes visent l’utilité en favorisant la conception d’interfaces pour « un utilisateur spécifique, qui a des buts spécifiques, et évolue dans un contexte précis […] composé d’un environnement technologique, social et d’une ambiance [donnés] » (A. Boucher, 2015).
Ergonomie des interfaces, Utilisabilité et utilité
Qu’est-ce que cela signifie pour la conception d’interfaces numériques ?
L’ergonomie est une discipline qui étudie le travail, dans le but de d’améliorer la santé des personnes (travailleur·eurses, utilisateur·trices) et la performance (du système, d’une organisation).
Pour en savoir plus, consultez notre article C’est quoi l’ergonomie ?
Dans le domaine de l’IHM (Interactions et Interfaces Homme-Machine), l’ergonomie vise à analyser les situations dans lesquelles les utilisateur·trices sont en interaction avec leurs outils. Le but est d’accompagner l’équipe projet pour la conception des interfaces et systèmes adaptés. Pour cela, l’Ergonome évalue les critères de l’utilisabilité :
L’Efficacité : le système permet-il à l’utilisateur·trice d’atteindre le but visé, avec fiabilité et simplicité d’utilisation ?
L’Efficience : l’utilisateur·trice obtient-il·elle le meilleur résultat avec un minimum d’effort ? Par exemple, cela peut être de faciliter la saisie dans un formulaire afin d’éviter les actions pouvant être automatisées par le système (Action minimale, Bastien & Scapin, 1993).
La Satisfaction : en utilisant le système, l’utilisateur·trice atteint-il·elle un état affectif de plaisir ? Son besoin a-t-il été satisfait ? Il·elle est satisfait·e lorsqu’il·elle trouve un moyen adapté à ses besoins, agréable, qui participe à sa bonne expérience d’utilisateur·trice.
Dans un contexte d’utilisation situé : l’utilisateur·trice peut-il·elle utiliser l’interface avec efficacité, efficience et satisfaction dans son environnement spécifique, avec des caractéristiques propres (physiques, cognitives, d’expériences, de compétences…) et ses besoins propres. L’ergonome évalue le système par rapport à la réalité de l’activité, de l’utilisation.
Conception et Évaluation des interfaces numériques : les méthodes des Ergonomes
Pour cela, l’Ergonome dispose de 3 principales méthodes :
1) L’analyse de l’activité :
Par des enquêtes de terrain (entretiens, observations), au plus proches des utilisateur·trices, il est possible de comprendre les tâches qui sont réellement réalisées. L’Ergonome observe les informations, les outils (numériques ou papiers), les collaborations entre pairs, nécessaires au bon déroulement et à la réussite de l’activité.
L’Ergonome identifie les sources de variabilités des situations d’usages, les différents modes opératoires adoptés, les stratégies des utilisateurs·trices pour contourner un problème ou résoudre une erreur (F.Guerin & al, 1997) . Il·Elle peut ensuite en analyser les causes profondes et sécuriser l’utilité et l’utilisabilité lors de la conception et l’évaluation des interfaces numériques dans un contexte d’usage réel.
2) Les critères ergonomiques (heuristiques) de conception IHM
Pour compléter son analyse, l’Ergonome utilise la méthode d’évaluation experte, par heuristiques. Les heuristiques sont des règles et critères prédéfinis, établis par des chercheurs, conçu·es pour tenir compte des caractéristiques physiologiques, psychologiques et cognitives de l’humain.
Respecter ces critères garantit au système une bonne utilisabilité et vise à guider l’utilisateur·trice, réguler la charge mentale, s’adapter aux différents niveaux d’expériences, aider à éviter et résoudre les erreurs. Voici quelques exemples d’heuristiques (Lallemand, C., & Gronier, G., 2015) :
Ensemble d’heuristiques
Items
Bastien et Scapin (1993)
1. Guidage ; 2. Charge de travail ; 3. Contrôle Explicite ; 4. Adaptabilité ; 5. Gestion des erreurs ; 6. Homogénéité/Cohérence ; 7. Signifiance des codes et dénomination ; 8. Compatibilité.
Nielsen (1993)
1. Visibilité du système ; 2. Correspondance entre le système et le monde réel ; 3. Contrôle utilisateur et liberté ; 4. Cohérence et norme ; 5. Prévention des erreurs ; 6. Reconnaissance ; 7. Flexibilité et efficience d’utilisation ; 8. Esthétique et minimalisme ; 9. Aider les utilisateurs à diagnostiquer, reconnaître et revenir sur les erreurs ; 10. Aides et documentations.
Et d’autres : Heuristiques de Park & Hwanlim (1999), de Colombo & Pasch (2012), d’Arhippainen (2013)…
3) Les tests Utilisateur ou l’évaluation des systèmes en situations reproduites ou réelles
Puisque les concepteur·trices ne sont pas les utilisateur·trices finaux·ales, on ne peut présumer ni de leurs réels besoins, ni de la bonne adaptation des interfaces. L’Ergonome peut tester l’utilité et l’utilisabilité de l’outil au cours du processus de conception, dans le cadre d’un Test Utilisateur.
L’objectif est d’y simuler l’activité future, afin d’évaluer les interfaces, en situation réelle ou reproduite :
L’utilisateur·trice doit accomplir une ou plusieurs tâches, définies dans le cadre d’un scénario d’usage. Grâce à la préalable analyse d’activité, le scénario doit refléter une situation représentative du contexte réel.
L’Ergonome (observateur·trice) étudie le parcours, et relève les forces ou faiblesses des interfaces en termes d’utilisabilité.
Cette méthode s’adapte très bien dans un cycle de conception itératif et permet de mettre à jour une grande partie des problèmes d’utilisabilité.
Pour finir…
L’utilisabilité est une composante intégrante d’un ensemble que forme « l’expérience Utilisateur ». Cette expérience peut être considérée bonne si l’efficacité, l’efficience et la satisfaction sont évaluées positivement, mais pas seulement. Les aspects d’utilité, d’esthétiques, d’émotions, de récompenses, de gamification et d’autres encore peuvent contribuer à la satisfaction de l’utilisateur·trice face au système, et participer à une bonne conception. A condition que les situations de travail et d’usage soient identifiées et bien comprises.
Les interfaces numériques ont pour but d’apporter de l’aide dans la réalisation des tâches, et faciliter la réalisation des activités des travailleur·euses et utilisateur·trices. Un nouvel outil interactif ne doit pas être une source de surcharge des processus. Les ergonomes, par leur expertise unique de l’analyse de la diversité des situations réelles de travail et d’usage, quotidiennes, contribuent à définir l’utilité et l’utilisabilité pour viser une amélioration de la santé et de la performance de l’organisation.
Bibliographie :
Boucher, A. (2015). Ergonomie web : pour des sites web efficaces. Editions Eyrolles
Lallemand, C., & Gronier, G. (2015). Méthodes de design UX : 30 méthodes fondamentales pour concevoir et évaluer les systèmes interactifs. Editions Eyrolles.
Scapin, D. L., & Bastien, J. C. (1996). Inspection d’interfaces et critères ergonomiques.
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